
Souvent, je lis dans les psaumes des demandes de libération des ennemis et souvent, je me demande qui sont ces ennemis. J’avoue que je ne me sens pas acculée, cernée de toute part, menacée par qui que ce soit. Lorsque j’écoute certaines personnes qui se plaignent de leurs voisins, de leurs collègues de travail, de leur famille, je me dis « mais je ne vis pas ça ! ».
Je dois être vraiment privilégiée… Ou alors j’oublie vite.
Je me rappelle avoir eu des moments difficiles avec certaines personnes dans ma vie. Le sentiment d’être dans une impasse relationnelle où, quoi que je fasse, rien ne fonctionne, je vais me prendre des remarques désagréables. J’ai réussi à me réconciler avec certaines d’entre elles et j’ai pris mes distances avec d’autres. Cette paroles m’a aidée « ne donnez pas des perles au cochons de peur qu’ils ne vous piétiennent ».
Je me souviens aussi de mon enfance et de mon adolescence, cette époque où j’ai pu subir ce qu’on nomme désormais « harcèlement scolaire ». À chaque rentrée, je me disais « Je vais avoir de nouveaux copains et copines »…
Et irrémédiablement, je me trouvais seule, isolée et pire avec des tracasseries quotidiennes de la part de quelques uns.
Pourtant, dans ma naïveté de l’époque, je me disais « Pourquoi je n’arrive pas à m’en faire des amis ? ». Je ne me rappelle pas vraiment avoir identifié telle ou telle personne comme « un ennemi », me haïssant souvent moi-même. J’ai pu ajuster certains comportements. J’ai appris aussi à mes dépens qu’il existe des personnes toxiques, tout le monde n’est pas bienveillant.
Quelques semaines plus tôt, je me suis réveillée avec une vision intérieure particulièrement angoissante. Je l’ai nommée un lieu de cris muets qui s’ouvre la nuit. Une terreur sans bouche. Celle de l’enfant qui ne connaît pas les mots, celle qui creuse une cellule dans la forteresse du silence.
J’aimerais l’ouvrir et la nimber de lumière. Je pense aux paroles de l’apôtre : « les ténèbres ne l’ont point reconnue ».
Certes, mais la lumière a besoin des ténèbres pour briller, non ? Pourquoi la lumière chercherait à éclairer une autre lumière ? Elles s’anéantiraient l’une et l’autre et l’oeil ne verrait plus rien, ébloui de lumière.
La lumière doit être bien humble pour faire son office ! Chercher l’ombre pour la sublimer.
Est-ce que tout cela répond à ma question d’origine ? Qui est mon ennemi ? Un élément de réponse m’est venu : ne plus haïr celle qui haïssait…
J’ai fait mienne cette prière : que ta lumière, Père créateur de toute chose, vienne éclairer ce lieu.